Quelques exemples de nudge et de biais cognitifs

La théorie du nudge est un concept qui réfute l’idée selon laquelle nous sommes des êtres rationnels dont les choix sont forgés par la raison : pétris de biais cognitifs, nous subissons régulièrement des déviations de la pensée logique par rapport à la réalité. Ainsi, selon cette théorie, des suggestions indirectes peuvent, sans forcer, influencer notre prise de décision. Voyons ensemble quelques exemples de nudges qui s’appuient sur des biais cognitifs.
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Nudges citoyens

Une grande partie des nudges mis en place dans les villes visent à réduire les incivilités. Un des cas les plus célèbres, souvent cité pour illustrer la théorie du nudge, est celui de l’aéroport d’Amsterdam où une mouche a été ajoutée dans chacun des urinoirs. Objectif : donner envie aux hommes de viser la mouche et donc réduire les fuites d’urine, volontaires ou non. Une initiative couronnée de succès puisqu’une diminution de 80 % de fuites (et donc de frais d’entretien) a été observée.

En France, la SNCF a installé en 2014, dans les gares de Lyon Part-Dieu et Lyon Perrache, des représentations géantes de cigarettes et de chewing-gums écrasés dans le but d’inciter les citoyens à ne plus jeter leurs propres déchets par terre. Dans la même optique, des « cendriers sondage » encouragent dans diverses villes européennes les usagers à jeter leurs mégots à la poubelle à travers un système de vote entre deux poubelles qui présentent des choix différents (exemple : Votre joueur de foot favori → Messi / Ronaldo). Dans le centre-ville de Lille, enfin, la mairie a installé plus de 40 nudges autour des poubelles (marelle, panier de basket, traces de pas…) pour attirer l’attention des citoyens et éviter l’accumulation de détritus sur les trottoirs.

Nudges pour la santé publique

Les pouvoirs publics voient depuis quelques années en la théorie du nudge un outil très performant pour faire évoluer les comportements, notamment en matière de santé publique.

À Stockholm, Hambourg, Tokyo, ou encore Lyon, on incite la population à utiliser les escaliers plutôt que les escalators, soit en y inscrivant des messages positifs (voire humoristiques), soit en rendant les marches sonores : emprunter les escaliers revient alors à composer un petit morceau de musique. En ce qui concerne l’alimentation, des campagnes très répétitives sont diffusées en France depuis plusieurs années (« Manger 5 fruits et légumes par jour », « Manger bouger » etc.) qui jouent sur le biais de disponibilité auquel nous sommes sujets : le fait de baser notre raisonnement principalement sur les informations immédiatement disponibles en mémoire. À force d’entendre ou de lire ces campagnes, elles s’impriment de manière pérenne dans notre cerveau et peuvent in fine améliorer nos habitudes alimentaires. Dans les restaurants d’entreprise belges, enfin, les fruits à portée de main sont préférés aux desserts sucrés moins accessibles, selon la loi du moindre effort.

Nudges pour l’environnement

Il existe souvent un décalage entre les convictions environnementales et la réalité des comportements. Certains nudges (que l’on appelle parfois nudges verts) peuvent aider à réduire cet écart.

Aux Pays-Bas, on met régulièrement en avant les plats végétariens (ou du moins on les présente d’emblée comme des alternatives bien visibles) dans les selfs services de façon à diminuer la consommation de viande des clients. Dans les supermarchés, cette fois, la mise en place d’un panneau « fruits et légumes de saison » oriente notablement le choix des consommateurs, et modifie même à terme leurs habitudes d’achat. Pour finir, en ce qui concerne le tri des déchets, la ville de Marseille a installé des conteneurs sélectifs aux décors évocateurs pour aider les habitants de la cité phocéenne à réaliser la portée environnementale de leur geste de tri.

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