Bonjour et bienvenue pour ce nouveau rendez-vous dédié à l'innovation au féminin avec, aujourd'hui, Noria Larose. Vous êtes la directrice et fondatrice de Nell et associés, une entreprise spécialisée dans les formations digitales. Comment élaborez-vous des formations pour les entreprises ?
Il y a plusieurs cas de figure. Si vous avez une formation en salle et que vous souhaitez la transformer en formation digitale, on parle également de formations mixtes, si vous voulez garder une partie en présentiel et une partie en distanciel. Souvent nos clients ne savent pas forcément. Soit ils n’ont pas le temps, soit ils ne savent pas mettre en place l’ingénierie de formation qui est spécifique aux dispositifs digitaux. Et ils ne savent pas également produire ou concevoir parce qu’il y a des spécificités liées à la digitalisation.
Au sein de notre agence digital learning, on fait appel à des professionnels de différents corps de métier, des journalistes parfois pour écrire sur un ton journalistique parce qu’écrire une voix off ou écrire un script de vidéos, est différent de donner un cours ou donner une formation en salle. Quand on est en formation, on est dans le direct. On va pouvoir interagir avec les participants, on va pouvoir faire des blagues. Il y a vraiment une dimension humaine et de l’émotion. Alors que quand on va être filmé en vidéo, il faut faire court car la personne qui va regarder cette vidéo ne va pas y consacrer énormément de temps. Il faut être beaucoup plus direct, plus précis, sur les messages à transmettre.
C’est quasiment un travail de marketing de l’information qu’on veut dispenser, c’est à dire qu’il faut vraiment réfléchir en amont à ce que l’on veut dire, comment on va le dire si c’est percutant.
De la même manière qu’en marketing on parle d’objectifs, en formation on va définir des objectifs pédagogiques. Cela va nous permettre d’orienter le propos et de rester sur une formulation beaucoup plus concise, plus directe et percutante.
Vous disiez qu'un des intérêts de ce métier c’est que vous travaillez avec des métiers différents. Mais travaillez-vous aussi avec différents secteurs chez Nell et associés ?
Au sein de notre agence digital learning, on travaille avec le secteur de l’industrie, le secteur banque-assurance le secteur de la santé, le secteur de l’éducation et de la formation et puis avec le secteur de la culture qui est plus récent pour nous.
On n'apprend pas de la même façon selon les secteurs ou est-ce que ce sont les thèmes qui changent ?
Ce sont les thématiques et les profils d’apprenants qui sont différents. Les gens visés en fonction des secteurs peuvent avoir des niveaux de qualification ou des langues différentes. Dans l’industrie, on nous demande de prévoir des formations dans différentes langues. Dans le secteur de la formation et de l’éducation, on reste sur une langue française. C’est plutôt le profil des apprenants qui va varier.
Vous travaillez plutôt avec des grandes, des petites ou des moyennes entreprises
Nous travaillons plutôt avec des moyennes et des grandes entreprises. Mais on va aider les petites à accélérer la manière dont elles vont transformer leur formation. Ceci concerne les petits organismes de formation. L’essentiel de nos clients est plutôt des PME et des grands groupes.
Qu'est-ce que la réforme de la formation professionnelle change pour vous ? Est-ce une bonne nouvelle ? Est-ce que ça facilite votre travail ?
Avec cette réforme, notre travail est facilité. Depuis quelques années, on avait remarqué une tendance du gouvernement à vouloir privilégier le digital dans la formation. À présent, cette modalité de formation est vraiment reconnue comme une modalité à proprement parler. Les formations conçues 100 % distanciel peuvent être prises en charge par les OPCO.
Les OPCO, ce sont les financeurs ?
Oui, mais cela va changer parce que la caisse des dépôts va reprendre en charge.
Aujourd’hui, il y a un certain nombre d'entreprises de formation qui proposent sur internet des cours que l’on peut prendre individuellement. Allez-vous sur ce marché ? Ou restez-vous sur le marché de l'entreprise et des cours collectifs pour plusieurs personnes ?
Nous restons sur le B to B, sur le marché des entreprises. On ne s’interdit pas d’y aller parce que comme on est un organisme de formation et que l’on forme sur nos métiers du digital learning, on est effectivement en train d’étudier la possibilité de commercialiser également nos formations à distance via la future application qui est en cours de développement.
Quand on parle de formation, on pense aux traces de données numériques qui posent certains problèmes, données qui aident à mieux définir les services dans tous les domaines. Est-ce quelque chose que vous pratiquez ?
Les plateformes LMS permettent de tracer la progression des apprenants et de voir à quel moment ils vont arrêter la consultation d’une vidéo par exemple ou d’un module e-learning. Nous sommes toujours très attentifs à ces retours, à ces trackings, parce qu’ils vont nous permettre de reconcevoir éventuellement la formation.
Je fais partie du comité consultatif de fun-MOOC. Quand on a fait l’analyse de plusieurs retours d’expérience de Mooc, on a constaté qu’il y avait des vidéos mal conçues entraînant l’arrêt du visionnage chez la plupart des gens au même moment. Si la personne qui prend la parole se trompe, il va y avoir une perte d’attention que l’on va constater au niveau des statistiques.
Pouvez-vous nous parler de la ramification ? Qu’est-ce que le ludique apporte dans une formation ?
Je dirais que c’est une tendance. On en parle beaucoup dans tous les cahiers des charges. On veut une formation ludique. Avec le ludique, on va pouvoir motiver l’apprenant pour qu’il reste jusqu’au terme de sa formation. Quand on se forme seul face à un écran, il faut trouver des leviers pour maintenir l’apprenant face à son écran et lui donner envie. Il s’agit, principalement, de tous les leviers de motivation que l’on va mettre en œuvre. Par exemple, on va pouvoir consulter nos scores, on va gagner des badges. On peut aussi le traduire à travers un scénario, du storytelling, où on va mettre au défi l’apprenant, ou imaginer une histoire avec du suspense.
Existe-t-il des perspectives dans la formation avec la réalité augmentée ?
Aujourd’hui, ce n’est pas encore très accessible. Il s’agit, avant tout, de beaucoup d’expérimentations qui sont mises en œuvre, des programmes spécialisés pour des métiers où il y a un intérêt. Dans le BTP, par exemple, pour la formation « comment apprendre à lisser un mur », on a utilisé un outil de réalité augmentée. Il y a plein d’applications qui peuvent être envisagées. Mais, les coûts de conception et de production restent un peu élevés pour la plupart des entreprises.
Comment fait-on pour former des professionnels, par exemple qui travaillent dans des usines et n’ont ni ordinateurs ni smartphones professionnels, via ces nouveaux outils ?
Il existe plusieurs alternatives. Soit on va créer, au sein des usines, une salle dédiée à la formation parce qu’on estime qu’il y a un vrai enjeu à former tout le personnel afin de les habituer à se former régulièrement. On va, alors, déterminer un espace, l’aménager pour qu’ils puissent trouver soit un PC soit des tablettes. Soit cela peut se faire à l’extérieur de l’entreprise également. Mais on préconise de dédier un lieu à la formation.
Alors, Noria Larose, je rappelle vous êtes directrice et fondatrice de Nell et associés. Vous avez eu, auparavant, une carrière dans le privé en étant cadre. Qu'est-ce qui vous a donné envie d'entreprendre ?
Avec mes différentes expériences professionnelles précédentes, j’ai pu créer à chaque fois une équipe afin de développer une offre liée au digital. Et puis, parfois j’étais frustrée parce que j’avais des idées sans pouvoir les mettre en œuvre. J’ai décidé de m’envoler, de créer ma boîte en réunissant les gens avec qui j’avais envie de travailler dans le même état d’esprit, dans un lieu qui me ressemble.
Pour vous lancer dans l'entrepreneuriat, avez-vous trouvé des formations ?
Je n’ai pas cherché. J’avais fait une école de commerce et je suis entourée d’entrepreneurs et je me suis lancée.