Connaître et comprendre les biais cognitifs
La première étape, et la plus intuitive, consiste sans doute à apprendre à connaître les biais cognitifs, ou en tout cas les plus courants. L’idéal étant de se familiariser avec des exemples qui illustrent chacun d’entre eux de façon à mieux les comprendre, et de s’entraîner par la suite à les reconnaître autour de soi. Plusieurs chercheurs préconisent d’ailleurs la connaissance de la taxonomie des biais cognitifs et des arguments fallacieux afin de mieux les détecter chez soi comme dans le discours d’autrui. Lorsque cet exercice de repérage est mis en place de manière rigoureuse et sur une base régulière, on assiste à l’installation d’un cercle vertueux : avec le temps, le processus de démystification s’accélère.
Attention cependant car dans certains cas, le simple fait de connaître un biais ne permet pas totalement de s’en prémunir. Prenons par exemple le biais de confirmation d’hypothèse qui pousse un individu à chercher des éléments qui soutiennent les idées ou hypothèses qu’il a déjà formulées, et à parallèlement passer outre celles qui vont dans le sens contraire. Reconnaître ce biais, chez soi-même ou chez les autres, n’est pas chose aisée, et ce même si l’on en connaît le principe. En effet, il a un lien avec le rôle prépondérant du désir dans la pensée, et est un exemple éloquent des limitations de la capacité humaine à traiter les informations perçues. Toutefois, en se posant systématiquement un certain nombre de questions visant à identifier les opinions qui dépendent du biais en question, on peut en réduire la portée. Ce qui nous mène à notre deuxième point essentiel : la métacognition.
Développer sa pensée critique
La métacognition, autrement dit les pensées que l’on a sur ses propres pensées, consiste à développer sa pensée critique. Cela peut être très précieux pour reconnaître les biais cognitifs auxquels nous sommes nous-mêmes sujets (ce qui peut s’avérer encore plus difficile que de les repérer chez les autres). Pour aller dans ce sens, le tout premier travail à effectuer consiste à admettre, en toute bonne foi, le fait que nos conclusions intuitives sont fréquemment soumises à interprétation. Ensuite, l’idée est de porter régulièrement un regard attentif sur ses propres pensées et de se poser des questions permettant la suspension de son jugement : pourquoi je pense ce que je pense ? Quelles sont les sources sur lesquelles je peux m’appuyer ? Que me dirait une personne ayant une autre opinion ? etc.
Cette pensée critique est nécessaire pour reconnaître ses propres biais, et dans certains cas pour les atténuer. Un moyen, in fine, de diminuer le risque de conflits stériles, mais également d’acquérir un certain sentiment de liberté : celle de savoir éviter les pièges, et d’avoir développé un pouvoir contre les schémas de pensée bien encrés qui semblaient de prime abord tout-puissants.