Comment préparer son Mooc : un cas pratique

Sapiens* a fait appel à Nell & Associés pour accompagner les chercheurs de plusieurs universités dans la préparation du teaser de leur Mooc : prise de parole, construction d’un message grand public et caméra en vrai ! Xavier Coumoul, professeur des universités en toxicologie et biochimie à l’Université Paris Descartes, et Edouard Kaminski, professeur à l’IPGP-Université Paris Diderot, font état de leur expérience de la formation Face à la caméra et comment ils ont préparé leurs mooc..
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Pouvez-vous nous rappeler le sujet de votre premier Mooc ?

Xavier Coumoul – Un homme sain dans un environnement sain. Nous abordions les notions de toxicologie, les éléments qui influent sur la santé des personnes ainsi que les aspects réglementaires. Nous présentons en février/mars la 4ème version de ce Mooc.

Edouard Kaminski –  Le Mooc traitait de la volcanologie physique, une discipline permettant d’interpréter et, dans la mesure du possible, de prédire le comportement des volcans. Nous lancerons en septembre 2019 la 3ème version de ce Mooc.

Pourquoi souhaitiez-vous participer à la formation Face à la caméra ?

X.C. C’était important d’avoir l’avis d’un.e professionnel.le sur mon intervention face à la caméra. Le Mooc est une transmission de connaissances qui passe aussi par le regard ; le comportement est essentiel pour garder l’attention des spectateurs.

E.K. En tant que professeur, je savais me comporter avec une classe, en interaction directe : décrypter les visages, corriger des erreurs au tableau, réagir quand les élèves se manifestent, etc. Mais dans le Mooc, l’interaction à distance change la donne ; il n’y a pas le droit à l’erreur. Il faut maîtriser les notions de base sur la façon de s’exprimer le plus clairement possible, faire des phrases courtes. J’avais conscience de la nécessité de me former, mais sans savoir ce qu’il fallait faire précisément.

Aviez-vous identifié des craintes quant à votre passage caméra ? Ou d’éventuelles faiblesses que vous vouliez rectifier ?

X.C. Je bougeais trop ; j’avais également des tics de langage et puis besoin d’être rassuré. On m’avait déjà interviewé et filmé, mais transmettre des connaissances face à une caméra, c’est très différent.

E.K. La formatrice a par exemple attiré mon attention sur le fait que je baissais la voix à la fin de la phrase au lieu de conserver l’énergie jusqu’au bout. Et je parlais trop vite comme la plupart des participants. Une fois filmé dans la 2e journée, je l’ai constaté moi-même !

En quoi ces deux journées vous ont-elles été utiles ?

X.C. Lors du tournage du Mooc proprement dit, deux prises suffisaient. Le réalisateur et son équipe jugeaient mon message clair et accessible. J’ai gagné en efficacité pendant le tournage. 

E.K. Les exercices ont été des révélateurs. Par exemple, une consigne aussi simple que le fait de ne pas porter n’importe quels couleurs et motifs de chemise lorsque l’on est filmé ! Constater qu’il n’est pas possible de dire une phrase avec plus de 30 mots à la seconde ! Positionner son corps différemment puisqu’on ne se déplace pas sur l’estrade, libérer sa respiration… Personnellement, j’avais fait du théâtre il y a plusieurs années ce qui s’est révélé utile dans ma vie professionnelle d’enseignant chercheur. Mais se préparer à un passage caméra, c’est différent. 

 

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Y a-t-il des exercices qui vous ont particulièrement intéressé ?

X.C.  C’était un beau moment de partage avec des exercices proposant une réelle interactivité. L’ensemble des exercices a permis d’envisager d’autres manières de présenter nos sujets. Et c’est intéressant de voir les qualités des autres, de se rassurer avec leurs erreurs aussi ! Je me souviens des exercices sur l’articulation : un bon moment de rire !

E.K. Le passage devant la caméra m’a marqué : c’était très nouveau. Nous avons fait beaucoup d’exercices le premier jour qui nous ont fait travailler sur le débit du discours et les intonations. J’ai pris conscience de la nécessité de rythmer mon propos. Et le 2e jour, nous nous sommes exprimés face à la caméra, nous nous sommes vus et avons compris nos principaux défauts. C’est très différent d’un tournage que l’on ferait soi-même avec son smartphone. 

Vous formiez un petit groupe traitant de spécialités différentes. Considérez-vous que c’était un aspect positif de la formation ?

X.C. Oui. On se rend compte qu’il faut adapter son langage. Les autres participants ne partageaient pas ma spécialité, donc je devais me faire comprendre. De façon générale, j’aime bien les exercices de vulgarisation. C’était l’occasion !

E.K. Oui, nous étions en interaction avec des personnes qui n’avaient rien à voir avec notre discipline, au contraire de nos étudiants qui, eux, connaissent les prérequis. La formatrice elle-même devenait une apprenante potentielle comme tout membre du groupe. Ses remarques de professionnelle étaient donc également celles d’un individu découvrant notre discours pour la première fois. Nos collègues avaient des réactions de « grand public » finalement : « il va trop vite … je ne comprends pas ce qu’il dit ». C’est très formateur. De plus, nous partagions des défauts et c’est tout à fait rassurant. 

Comment conseilleriez-vous cette formation en une ou deux phrases ?

X.C. Cette formation permet, sur la forme et sur le fond, de produire un message clair pour le grand public. Depuis, dans toutes mes interventions, j’ai ralenti et veillé à mon articulation. 

E.K. Le Mooc est avant tout un travail en groupe. Cette formation est une première expérience de travail en groupe avec des personnes d’autres disciplines, et à ce titre une porte d’entrée dans la culture du Mooc. Ensuite, c’est l’acquisition de compétences absolument indispensables, le B.A. BA du comportement face à la caméra. Une base sur laquelle chacun peut ensuite construire. On se rend compte que des experts brillants et bons pédagogues sont parfois en difficulté pour faire passer leur message dans cette situation. Ce serait trop bête de rater le coche en manquant cette formation.

Et aujourd’hui, quel projet ?

X.C. Nous sommes dans une période de développement des innovations pédagogiques, non pour innover dans l’absolu mais pour gagner en efficacité pédagogique. Nous ouvrons des collaborations internationales notamment avec Singapour sur un projet utilisant un « light board » et de la réalité virtuelle.

E.K. Un nouveau Mooc va être lancé par l’IPGP : Notre planète. Il a profité de la dynamique du Mooc de volcanologie et de l’expérience acquise (aide à la conception, captation en studio dédié, recherche documentaire…). Quant au Mooc de volcanologie, il devrait ouvrir en septembre 2019 avec un élargissement à la communauté anglophone grâce au sous-titrage en anglais des vidéos. 

Un dernier mot ?

E.K. Le Mooc était une aventure personnelle et professionnelle passionnante et qui reste un très bon souvenir. Les deux journées de formation participaient de cette aventure et font partie des découvertes de cette période. Je me suis senti préparé de la meilleure façon possible à ce qui était alors un défi.

*SAPIENS : Service d’Accompagnement aux Pédagogies Innovantes et à l’Enseignement Numérique de Sorbonne Paris Cité 

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