Le e-tutorat : ce qu’il faut savoir

Revivez notre webinaire, animé par Noria Larose, le 09 juillet 2019 portant sur le e-tutorat : ce qu'il faut savoir.
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Pourquoi ai-je souhaité aborder avec vous aujourd’hui le e-tutorat en e-learning ?

J’ai décidé d’aborder le sujet de l’e-tutorat en e-learning pour deux raisons :

Lorsque nous répondons à une consultation, nous regrettons l’absence, dans le cahier des charges de nos commanditaires, d’un volet dédié à l’accompagnement, qu’il soit instrumenté ou humain. En effet, nous sommes convaincus qu’il est essentiel de définir une stratégie d’accompagnement lorsque l’on souhaite former à distance.

Nous avons eu la chance d’avoir conçu, il y a un peu plus d’un an, une formation digitale de 7 heures pour le compte d’un de nos clients sur le e-tutorat. Nous avons ainsi travaillé plusieurs mois avec Brigitte Denis, Professeure à la Faculté de Psychologie, Logopédie et des Sciences de l’Éducation de l’Université de Liège et Directrice du CRIFA, Centre de Recherche sur l’Instrumentation, la Formation et l’Apprentissage, et avons pu réinterroger nos pratiques à la lumière des recherches et études qui existent sur le sujet. C’était passionnant.

Mon objectif aujourd’hui est donc de vous sensibiliser à l’intérêt du e-tutorat. Nous ne disposons que de trente minutes. Je vous propose donc d’aborder cette thématique qui nous tient à cœur en 3 temps

Tout d’abord, pourquoi le e-tutorat est-il essentiel en formation à distance ?

Dans un 2e temps, nous nous focaliserons sur le e-tuteur : quels sont son rôle et ses activités ? Faut-il un ou plusieurs e-tuteurs ?

Et enfin, nous présenterons les différents outils utiles au e-tuteur.

Le e-tutorat ou tutorat en e-learning : pourquoi est-ce essentiel ?

Si je vous demande de fermer les yeux et de vous mettre à la place d’un apprenant qui se forme à distance… Quelles sont les images qui vous viennent à l’esprit ? Comment vous représentez-vous la formation à distance ?… On oppose généralement deux points de vue…

Certains d’entre vous auront certainement cette vision, à la ATAWAD (Any time, anywhere, any device)

Où on se forme à n’importe quel moment, n’importe où, depuis n’importe quel appareil…

Tout semble simple et facile.

Comparé à la formation classique, à droite, avec le digital, c’est l’extase ! D’autres auront plutôt cette vision : une personne seule face à son écran, découragée. Qui arrête avant même d’être allé au terme de sa formation. Quand on conçoit un dispositif de formation à distance, on pense à beaucoup de choses…

Aux outils et plates-formes, au mode d’accès, à l’interface utilisateur, aux fonctionnalités, aux médias utilisés…

Aux ressources et activités pédagogiques, aux modes d’évaluation…

Mais on oublie encore très souvent… le tuteur !

Pourtant, la mise en place d’une stratégie d’accompagnement et la présence d’e-tuteurs accroissent la qualité de l’apprentissage ainsi que la part des apprenants qui vont jusqu’au terme de leur formation et augmente les chances de réussite.

En formation en ligne, on distingue trois principaux facteurs de risque :

la procrastination… le découragement et l’abandon.

Pour lever les principaux freins à la formation à distance et donner à chacun toutes les chances de réussir, voici les raisons qui nous conduisent à préconiser le e-tutorat :

Il permet…

  • De réduire le taux d’abandon
  • De diminuer le sentiment d’isolement
  • De motiver les apprenants tout au long du parcours de formation
  • De communiquer des informations qui régulent la formation
  • D’attirer davantage de personnes à se former à distance
  • D’accroître le niveau de qualité de la formation
  • De contribuer à l’adapter aux besoins des participants

Et maintenant, si je vous demande de vous mettre à la place d’un apprenant et d’imaginer votre formation à distance… êtes-vous comme cet apprenant qui voit sa tutrice partout ?

Un ou des e-tuteurs ? Rôles et activités...

Mais alors, concrètement, quel est le rôle du e-tuteur ?

Et d’ailleurs, faut-il un ou plusieurs e-tuteurs ?

Le tuteur joue un rôle de médiateur entre le dispositif et les apprenants. La relation tuteur/apprenant est médiatisée (Internet, téléphone, chat…). Les choix institutionnels vont contraindre le périmètre du e-tutorat, qui constitue une activité distincte de l’enseignement proprement dit. En effet, une fois le cours mis en ligne, ce sont les tuteurs qui animent le dispositif de formation. Le professeur, c’est-à-dire l’expert du contenu, n’a plus, ou guère, d’interactions avec les apprenants. Le e-tutorat fait généralement appel à un personnel spécifique et recourt à des méthodologies qui lui sont propres.

Le e-tutorat en formation à distance s’inscrit bien souvent dans un environnement institutionnel qui conditionne, dans une mesure plus ou moins large, les actions du tuteur.

La notion de e-tutorat trouve son origine dans le terme de tutor, qui est apparu en Grande Bretagne au XIIIe siècle dans les écoles et au XVIIIe dans les universités. Il était alors utilisé dans le sens d’enseignant-conseiller, chargé du suivi d’un élève ou d’un petit groupe d’élèves.

En France, il faut attendre la fin des années 1990 pour voir son usage institutionnalisé à l’université sous la forme d’un « accompagnement régulier ou ponctuel d’un groupe d’étudiants par des tuteurs, un peu plus avancés qu’eux dans le cursus universitaire »

Le e-tuteur joue un rôle de médiateur entre le dispositif et les apprenants. La relation tuteur/apprenant est médiatisée (Internet, téléphone, chat…).

« Le tutorat en ligne se définit comme une activité d’accompagnement pédagogique dans laquelle les interactions humaines entre tuteurs et apprenants sont médiées, c’est-à-dire qu’elles ont lieu grâce à l’intermédiaire d’une instrumentation technique, Internet. »

Apprendre à distance requiert de bien se connaître, d’être autonome et rigoureux, de savoir s’organiser et aussi… se motiver.

Quand on apprend à distance, on doit en fait savoir apprendre à apprendre, ce qui passe par différentes stratégies d’apprentissage.

Ces différentes stratégies sont utiles pour les apprenants, mais également pour les tuteurs, car elles permettent de structurer leur mode d’intervention selon 4 axes. Quels sont-ils ?

Stratégies cognitives

  • Activation : l’élève se rappelle ce qu’il sait sur le sujet, comment réaliser ce type de tâche et de d’autres situations de réalisation de cette tâche.
  • Acquisition : l’élève répète dans sa tête, à voix haute ou basse. Il associe deux idées. Il souligne ou surligne les idées importantes. Il prend des notes textuellement.
  • Élaboration : l’élève écrit des mots-clés. Il résume. Il paraphrase. Il se pose la question « qu’est-ce que je veux apprendre ? ». Il associe des mots à une image. Il fait des liens entre ce qu’il sait déjà et ce qu’il veut apprendre. Il trouve des exemples et des contre-exemples. Il fait des analogies.
  • Organisation : Il identifie les idées principales et les idées secondaires. Il fait un plan. Il fait des organisations graphiques (tableaux, schéma, carte sémantique, réseaux de concepts, etc.) Il restructure les idées dans sa mémoire.
  • Intégration : l’élève écrit les étapes de la procédure. Il schématise les étapes. Il réalise les tâches et les étapes de la procédure. Il ajoute sa façon personnelle de faire la procédure.

Transfert : l’élève analyse la nature de la tâche à transférer (tâche source). Il analyse la tâche cible. Il détermine les similitudes et les différences entre les deux tâches. Il détermine les nouvelles connaissances qu’il doit apprendre et les habiletés qu’il doit acquérir. Il réalise la nouvelle tâche.

Côté e-tuteur, axe cognitif / Stratégies affectives

Réception : l’élève accepte de recevoir de l’information sur un sujet. Il accepte d’essayer de faire la tâche. Il adopte une attitude positive.

Motivation : l’élève identifie les raisons qui sont importantes pour lui, qui justifient qu’il fasse l’effort de s’engager dans la tâche. Il identifie les raisons qui le démotivent. Il évalue les chances de succès. Il s’engage dans la tâche. Il persévère dans la tâche. Il se dit qu’il sera fier de lui quand la tâche sera réussie. Il comprend que cette tâche lui sera utile pour les tâches à venir.

Gestion de l’anxiété : l’élève évalue son degré d’anxiété. Il se concentre sur ses chances de succès. Il demande des précisions. Il demande de l’aide. Il respire lentement et profondément. Il met en pratique des techniques variées de relaxation.

Coopération : l’élève est tolérant envers les autres. Il demande l‘aide de ses équipiers. Il aide les autres. Il collabore à la planification. Il accepte le rôle qu’on lui a assigné. Il reconnaît le travail des autres équipiers.

Résolution de conflit : l’élève identifie les causes et les conséquences du conflit. Il écoute le point de vue des autres. Il dit ce qu’il pense sans accuser les autres. Il reconnaît ses torts. Il choisit avec les autres une solution qui convient à tous. Il fait des compromis, applique la solution choisie, évalue les résultats obtenus et collabore à réajuster la solution. Il pratique les étapes de la communication non-violente.

Axe socio affectif et motivationnel / Stratégie de gestion

Temps : l’élève utilise un agenda. Il planifie le temps pour chacune des étapes de la tâche. Il maximise le temps. Il se réserve des moments pour ses travaux scolaires. Il planifie des moments de repos et de loisirs. Il évite de travailler à la dernière minute. Il respecte son échéancier. S’il a trop de travail, il établit des priorités. Etc.

Ressources matérielles : l’élève s’assure d’avoir en main tous les documents et outils dont il a besoin à l’école. Avant de commencer une tâche, il identifie et se procure tout ce dont il a besoin pour le faire.

Ressources humaines : l’élève identifie les amis et les personnes qui peuvent l’aider.

Environnement : l’élève s’installe confortablement pour ne pas se fatiguer inutilement. Il sait où sont tous ses volumes et son matériel. À la maison il travaille dans un lieu calme.

Dimension organisationnelle / Stratégies métacognitives du e-tutorat en e-learning

Pour illustrer ce qu’est la métacognition, on cite souvent la maxime enseignée par Socrate : « Connais-toi toi-même. »

La connaissance de soi, de ses propres connaissances et de ses mécanismes de pensée améliore l’apprentissage. Et il n’y a pas de fatalité : on est invité à découvrir nos propres limites, mais la bonne nouvelle, c’est que rien n’empêche de les repousser. En effet, on peut s’entraîner à la métacognition et développer nos capacités.

Si on revient à la formation à distance, les stratégies métacognitives englobent donc…

Planification : l’élève se demande comment il aime apprendre. Il se demande quand il est efficace pour apprendre. Il identifie la nature de la tâche. Il identifie la nature des connaissances à apprendre. Il identifie dans sa « boîte à outils » les compétences et les stratégies d’apprentissage dont il aura besoin.

Contrôle : l’élève se demande s’il utilise les bonnes compétences et les bonnes stratégies d’apprentissage. Il se demande si présentement il travaille bien. Il se concentre sur la tâche.

Régulation et évaluation : l’élève identifie les stratégies et les compétences à utiliser pour la tâche. Il juge s’il a bien travaillé ou non. Il fait un exercice d’objectivation Qu’est-ce que j’ai appris ? Comment ai-je appris ? Qu’est-ce que j’ai trouvé facile ? difficile ? Que j’ai aimé ? Pas aimé ?). Il fait des exercices d’autoévaluation Qu’est-ce que j’ai réussi ? Pas réussi ? Quelles sont les erreurs à corriger ? Comment les corriger ?). Il ajuste constamment la réalisation de la tâche en fonction des difficultés ou des erreurs détectées en évaluation formative.

Aider l’apprenant à prendre du recuel et analyser son apprentissage, le rôle du tuteur

Si nous récapitulons… Ces différentes stratégies sont utiles pour les apprenants, mais également pour les tuteurs afin d’accompagner les apprenants dans leurs apprentissages.

Le tuteur doit ainsi intervenir sur différents plans :

  • Sur le Plan cognitif
  • Sur le Plan socioaffectif
  • Sur le Plan motivationnel
  • Sur le Plan métacognitif

Ces fonctions décrivent ce que devrait idéalement faire le tuteur :

La fonction accueil et orientation du e-tuteur

Accompagner l’engagement de l’apprenant dans le dispositif de formation : présentation du tuteur et de ses rôles, vérification de la compréhension des objectifs de formation, etc.

La fonction organisationnelle du tuteur

  • Accompagner l’apprenant dans l’organisation et la planification de son travail.
  • Soutenir l’apprenant concernant sa méthode d’apprentissage.
  • Aider les apprenants à s’engager dans des apprentissages collaboratifs.
  • La fonction pédagogique
  • Supporter l’apprenant dans son processus d’apprentissage d’un point de vue disciplinaire.
  • La fonction socioaffective et motivationnelle
  • Aider l’apprenant à rester engager dans son processus d’apprentissage.
  • La fonction technique
  • Accompagner l’apprenant dans l’utilisation et le choix des outils.
  • La fonction métacognitive
  • Aider l’apprenant à revenir sur sa démarche d’apprentissage afin de l’analyser.
  • La fonction évaluation
  • Évaluer les apprenants et leur communiquer des informations relatives à l’évaluation.
  • Selon le contexte et les moyens humains financiers disponibles, on va pouvoir définir une organisation.

Le nombre de e-tuteurs

Le e-tutorat humain qui sera déployé pour répondre aux exigences d’un dispositif mobilisera un certain nombre de tuteurs. Il est très rare que le tuteur intervienne de manière totalement isolée.
Une même personne peut, dans certains cas, assumer différentes tâches et endosser différents rôles. Ceci dépend notamment de l’envergure du dispositif.

Les ressources allouées au tutorat

Les ressources allouées par l’institution au fonctionnement du dispositif conduiront à privilégier certaines formes d’interventions et à en négliger d’autres parce que leur coût n’est pas compatible avec les ressources disponibles.

Les valeurs du tuteur

Les valeurs véhiculées par l’institution conduiront à mettre l’accent tantôt sur l’autonomie de l’apprenant tantôt sur un guidage très strict par le dispositif.

Glikman identifie 4 types d’apprenants :

Les déterminés : Ils adhèrent à la situation d’autoformation (par choix ou par contrainte) et ont la ferme intention d’atteindre les objectifs qu’ils se sont fixés. Ils n’hésitent pas à faire appel au e-tutorat en cas de besoin. Ils échangent également avec d’autres apprenants et les aident si besoin.

Les désarmés : Souvent d’un faible niveau d’études, iIs ont des difficultés à fonctionner en situation d’autoformation et à se prendre en main. De plus, ils font souvent face à des problèmes périphériques (psychologiques, personnels, sociaux) qui perturbent leur cursus.

Ils s’adressent très peu aux tuteurs car ils n’osent pas ou ne savent pas comment demander de l’aide. Ils communiquent également très peu avec leurs pairs.

Les marginaux : Ils disposent de réelles compétences d’autoformation et trouvent des modalités personnelles pour organiser leurs activités d’apprentissage et accéder à diverses ressources éducatives. Ils ne recourent que très peu ou pas du tout au e-tutorat.

Les hésitants : Ils présentent de faibles compétences d’autoformation et ne souhaitent pas véritablement s’impliquer dans leurs études. Ils s’adressent très peu aux tuteurs car cela impliquerait un plus fort engagement de leur part, ce qu’ils ne sont pas sûrs de souhaiter.

Les apprenants déterminés et marginaux disposent de réelles compétences d’autoformation contrairement aux apprenants hésitants et désarmés.

Ces différents types d’apprenants permettent aux tuteurs d’être attentifs à la diversité de leurs profils et d’en tenir compte dans la manière de les accompagner. Mais attention, il ne faut pas enfermer vos apprenants dans ces typologies. Si vous mettez en place un accompagnement adapté, chaque apprenant pourra éventuellement passer d’une typologie à une autre. À vous d’adapter vos actions en fonction de l’évolution de vos apprenants.

Maintenant, il est temps de planifier l'activité de tutorat ...

  • Une des premières compétences que l’apprenant doit donc développer est de savoir planifier son parcours. Ainsi, le tuteur peut être amené à réaliser différentes interventions de soutien sur ce plan.

Rôle du e-tuteur : Sensibiliser l’apprenant aux réalités et nécessités de la planification

La planification permet d’avoir une vision d’ensemble, d’éviter les à-coups en répartissant la charge de travail et de saisir les opportunités.

Proposer des activités à l’apprenant lui permettant de prendre conscience de ses états affectifs vis-à-vis de la planification

Par exemple, identifier son profil de planificateur : Je ne planifie pas car je préfère agir sous la pression des évènements ; Je planifie mais je ne me sers pas du planning pour diriger mon action ; Je planifie et je me conforme strictement au planning ; Je planifie, je régule et j’ajuste le planning au cours de l’action…

Rôle du e-tuteur : Aider l’apprenant à faire face aux échéances

Voici trois principes et modalités d’action visant à aider les apprenants tenir les échéances

  • L’échéance doit tout d’abord être communiquée, cela signifie que :

Les échéances des travaux devraient être indiquées dans les guides d’études et autre documents présentant la formation aux apprenants. Dans le cas d’une interaction initiale (regroupement présentiel, audio ou visioconférence) le tuteur doit également aborder la question des échéances ; la fiche de présentation de l’activité, outre les énoncés, consignes et produits à réaliser, devrait également toujours indiquer la date d’échéance. À mi-parcours de la période dédiée à la réalisation du travail, quelques jours avant l’échéance, des messages proactifs peuvent être envoyés aux apprenants rappelant l’échéance. (Rodet, 2009)

  • L’échéance peut être négociée, cela signifie que :

Une échéance qui se veut équitable n’est pas forcément la même pour tous (excepté le cas du concours où l’échéance doit être impérativement la même pour tous du fait que les apprenants sont mis en concurrence) : cela dépend des préférences cognitives et du style d’apprentissage ou au temps dont l’apprenant dispose pour sa formation. Dans la plupart des cas, l’échéance peut donc faire l’objet d’une négociation entre le tuteur et l’apprenant.

Mais,

  • il est nécessaire de prendre en compte la marge de manœuvre donnée par le règlement que l’institution demande d’appliquer ;
  • le temps de la négociation doit être identifié et se situer en amont de l’échéance du travail ;
  • négocier veut dire pour l’apprenant de mettre en avant des arguments et non de formuler une simple demande. Le tuteur doit donc amener l’apprenant à préciser les raisons de sa requête et faire en sorte qu’il exprime celle-ci de manière quantitative, en nombre de jours de délai demandé. L’intérêt de la négociation d’une échéance est celui de la contractualisation. Elle a pour principal effet que l’apprenant négociateur se sentira tenu de respecter les conclusions de l’accord obtenu avec son tuteur.

L’échéance peut être reportée, cela signifie que :

Malgré l’information et la négociation, il arrive parfois, qu’à la veille de remettre son travail, un apprenant demande à son tuteur un délai. Là encore, le tuteur peut, pour déterminer sa conduite, s’appuyer sur les dispositions réglementaires de son institution ou sur les termes de la négociation qui a éventuellement été menée au préalable. La mise en place d’une procédure de « reporté », adjointe à la charte tutorale par exemple, est une pratique à retenir dans la mesure où elle permet aux apprenants et aux tuteurs de connaître précisément ce qu’il est possible de demander et d’accorder.

Proposer des ressources et des outils qui facilitent l’identification, par l’apprenant, du temps dont il dispose pour son apprentissage, ce temps devant toujours être estimé de manière réaliste plutôt que volontariste.

Vous pouvez proposer un calendrier partagé sur lequel apparait les étapes à franchir, les dates de classe virtuelle, les échéances de remise de travaux, etc… Vous pouvez également conseiller aux apprenants, d’utiliser un logiciel spécialisé pour lister les tâches d’un projet, leur échéance et estimer leur durée.

Cerner les questions qui permettront à l’apprenant de porter un regard distancié sur son apprentissage (de se poser la ou les bonnes questions)

Même si les apprenants à distance peuvent avoir besoin du soutien de tuteurs à distance pour persévérer et atteindre leurs objectifs, les tuteurs ne doivent pas les rendre dépendants d’eux. Il est donc nécessaire que les apprenants trouvent eux-mêmes des solutions.

Pour aider l’apprenant à devenir autonome et à porter un regard distancié sur ses apprentissages, Jacques Rodet préconise que le tuteur amène l’apprenant à réaliser un cheminement préalable avant de solliciter leurs tuteurs. Il propose que l’apprenant réponde à une série de questions :

  • Situer en une phrase votre difficulté
  • Expliquer en quelques lignes votre difficulté
  • Quelles sont les causes qui font que vous êtes face à cette difficulté ?
  • Qu’avez-vous pensé ou fait pour résoudre cette difficulté ?
  • Quels ont été les résultats positifs et négatifs de vos actions ?
  • Quelles sont les autres pistes que vous pourriez explorer vous-même ?
  • Quelles sont les personnes ressources de votre entourage qui sont susceptibles de vous aider à trouver la solution ?
  • Pensez-vous que d’autres personnes rencontrent la même difficulté ?
  • Avez-vous échangé avec elles ?
  • Quelles sont les solutions qu’elles ont trouvées ?
  • Après avoir répondu à ces questions, est-ce que vous formulez toujours votre difficulté de la même manière ?
  • Qu’est-ce qui a changé ?
  • Si vous n’avez plus la même difficulté, recommencer le processus.

Si c’est toujours la même difficulté, envoyez votre demande d’aide à votre tuteur en joignant vos réponses aux questions ci-dessus.

Rôle du e-tuteur : Identifier les personnes ressources dans et hors du dispositif de formation

Travailler en autonomie ne veut pas dire travailler seul. En effet, les apprenants peuvent prendre l’initiative de consulter des personnes ressources afin d’avancer et d’atteindre leurs objectifs. Les personnes ressources peuvent être des proches, des collègues, des spécialistes du domaine abordé, des co-apprenants et des experts techniques. Les interactions avec ces personnes peuvent lui procurer un soutien socioaffectif, cognitif et métacognitif.

Rôle du e-tuteur : Stimuler l’apprenant à exprimer ses besoins d’aide

« Un apprenant peut ne pas être disposé à recevoir de l’aide pour différentes raisons telles que le fait de ne pas repérer en quoi l’aide peut lui être utile, le manque de confiance envers la personne qui lui propose de l’aide, l’assurance qu’il a de pouvoir mener à bien ses tâches sans recours extérieur. » (Rodet, 2009)

Rodet propose une démarche par laquelle le tuteur peut passer pour inviter les apprenants (plutôt réticents) à demander de l’aide en les amenant à :

  • réfléchir sur le rapport affectif qu’ils entretiennent avec la relation d’aide  : proposer des activités qui faciliteront pour chaque apprenant l’identification du rapport affectif qu’il entretient avec la demande d’aide et qualifier la relation qu’ils entretiennent avec le tuteur et les autres personnes ressources qu’ils peuvent consulter.
  • exprimer leurs réticences à demander de l’aide : amener les apprenants à exprimer les raisons de leur non sollicitation ou même de leur refus de l’aide disponible est une action à mener par le tuteur afin de mieux les comprendre et donc d’être en mesure de penser des interventions qui leurs soient adaptées.  Une fois les constats posés, des aménagements peuvent alors être envisagés et la contractualisation est certainement la méthode la plus appropriée pour rendre constructive la relation d’aide.
  • négocier et contractualiser la relation d’aide : cette contractualisation peut porter sur les différents éléments qui composent la relation tutorale : temps, fréquence, modalités, outils, traces produites etc. Tout comme il est intéressant pour un groupe de mesurer sa cohésion et sa productivité, il est opportun pour le tuteur et l’apprenant d’évaluer leur relation en terme de confiance établie et de résultats produits.

Cette démarche permet de clarifier et de vivifier la relation d’aide en lui donnant un sens partagé par le tuteur et les apprenants.

Rôle du e-tuteur : Lister les connaissances que doit posséder l’apprenant pour exercer son autonomie

L’apprenant possède ou doit acquérir des connaissances afin d’accroitre progressivement son autonomie.

Voici les connaissances nécessaires pour être autonome :

Tableau 1 : Les connaissances nécessaires pour être autonome

À quoi elle sert ?

La connaissance de soi : Elle permet de décrire ses valeurs, ses compétences, ses limites, sa motivation, etc.

La connaissance des tâches : Elle permet d’identifier la nature de l’apprentissage : mémorisation, résolution de problèmes, compréhension.

La planification : Elle permet de se projeter dans le temps, de s’organiser et de se fixer des échéances.

La régulation : Elle permet de repérer des problèmes rencontrés au cours de son apprentissage et d’ajuster sa méthodologie de travail si nécessaire.

L’évaluation : Elle permet de vérifier si l’objectif est atteint et de voir avec quelles méthodes il a été atteint.

Il est indispensable que l’apprenant acquière ces connaissances et ces habiletés. En effet, un apprenant à distance non autonome ou ne le devenant pas, possède peu de chance d’arriver au terme de son programme de formation.

Pour aider l’apprenant à devenir autonome, le tuteur peut :

S’interroger sur ses propres connaissances sur l’autonomie de l’apprenant et à faire le point sur ses habiletés à l’exercice de son autonomie ;

Inviter l’apprenant à faire de même en lui proposant une activité d’auto-évaluation diagnostique tant sur ce qu’il connaît de l’autonomie que sur ses expériences d’exercice de son autonomie ;

Engager un dialogue avec l’apprenant sur les difficultés que celui-ci a repéré pour agir de manière autonome dans sa formation et lui transmettre des informations et/ou lui indiquer des ressources susceptibles de lui faciliter l’exercice de son autonomie.

Le tuteur peut aussi se baser sur les profils d’apprenants afin de planifier/guider son action.

La capacité d’un apprenant à exercer son autonomie est pour une grande part liée à celle de sa pratique de la métacognition, à sa capacité à poser un regard réflexif sur lui-même en tant qu’apprenant. Aider l’apprenant à exercer son autonomie ne consiste donc pas à la réduire par excès d’interventions mais bien davantage à lui indiquer les moyens qui lui permettront de l’exercer. Les apports du tuteur sur ce point gagnent à être personnalisés et ne pas se limiter à la simple application générique des dispositions prévues par l’ingénierie tutorale.

Rôle du e-tuteur : Interagir régulièrement avec l’apprenant

L’apprenant doit se sentir accompagné dans son apprentissage. Le e-tutorat fournit un soutien (socioaffectif, cognitif, organisationnel…) à l’apprenant, il influence sa persévérance et l’atteinte de ses objectifs.

Pourquoi des messages réguliers ?

Faire ressentir un sentiment de présence, et donc éviter l’isolement de l’apprenant.

Lutter contre les risques d’abandon.

Quels types de messages ?

Les messages réguliers peuvent être proactifs ou réactifs. Parmi les messages proactifs, ceux-ci peuvent être automatisés ou non (rappel des délais, des tâches à réaliser, etc.). En ce qui concerne les messages réactifs, nous trouvons les réponses aux sollicitations des apprenants, la communication de feedback.

À quelle fréquence ?

Chaque apprenant avance à son rythme, il faut adapter la fréquence des messages en fonction :

des contraintes liées au dispositif (activités à mener, travail à remettre dans les délais impartis → rappeler les échéances) ;

des besoins individuels (pas de nouvelles de l’apprenant, travail qui n’est pas remis, etc. → vérifier s’il y a des problèmes et risque d’abandon, soutenir…).

Les bonnes pratiques du e-tuteur : Signaler/rappeler sa disponibilité

Le sentiment d’isolement et le manque de tutorat peuvent engendrer certaines conséquences chez les apprenants :

Difficulté à trouver de la motivation (mauvaise image de soi, ne voit pas le lien avec ses objectifs personnels…) ;

Difficulté à mobiliser leurs compétences d’apprenant (mauvaise planification et mauvaise gestion du temps) ;

Difficulté à choisir les stratégies d’apprentissage adéquates (ne sait pas comment réagir face à une situation).

Il est donc essentiel qu’un système de e-tutorat soit mis en place et que le tuteur accompagne adéquatement ses apprenants.

Pour cela, il doit dans un premier temps signaler et rappeler sa disponibilité quand cela est nécessaire (lorsqu’il observe un manque d’activité chez certains apprenants par exemple). En outre, il doit également informer les apprenants de son indisponibilité. Ces messages sont davantage proactifs (automatisés ou non), mais ils peuvent également être envoyés après une sollicitation des apprenants.

La communication en e-tutorat :
Identifier et fournir les messages à portée motivationnelle

Les apprenants peuvent rapidement se décourager face à une tâche plus complexe. Ils ont besoin de se sentir soutenus et accompagnés dans leurs apprentissages. De plus, l’isolement qu’ils peuvent ressentir dans un apprentissage à distance doit être minimisé par la présence du tuteur et ce afin d’éviter tout abandon.

Dès lors, le tuteur a pour rôle de contacter les élèves qui, selon lui, sont en décrochage et de soutenir la motivation des apprenants en leur fournissant des messages motivationnels. À travers ceux-ci, le tuteur doit permettre à l’apprenant d’avoir une bonne image de lui en tant qu’apprenant et de l’aider à comprendre l’utilité des tâches pour son projet personnel afin que celui-ci s’engage activement dans les apprentissages.

Ces messages peuvent être adressés de manière individuelle ou de manière collective.

La communication en e-tutorat :
Identifier et fournir les messages à portée administrative

Les tuteurs qui envoient des messages à portée administrative sont le lien entre l’apprenant et ce que demande l’institution (consignes, objectifs, etc.). Ils doivent dès lors s’assurer que tout est bien en ordre (constitution du dossier, consignes de départ…).

Ils communiquent avec les apprenants à différents moments clés, dès la demande d’inscription.

Ils veillent à ce que les personnes intéressées par la formation correspondent bien au public visé.

Ils fournissent des messages complémentaires relatifs aux démarches à suivre pour s’inscrire, répondent aux questions des futurs apprenants.

Ils gèrent les dossiers d’admissions, s’assurent qu’ils sont complets avant de les transmettre à qui de droit pour validation.

Ils assurent la gestion financière si l’inscription n’est pas gratuite.

Ils fournissent des informations générales sur le déroulement de la formation.

Les outils indispensables

Les outils d’intervention tutorale sont nombreux et répondent chacun à un ou des buts différents. Le tuteur prendra en compte le public, le type d’activités et de situations ainsi que la modalité. Par exemple, si la réponse doit être immédiate, la modalité sera synchrone (chat, audioconférence…).

Comment s’effectue le suivi d’un apprenant par le e-tuteur ?

Le LMS enregistre les traces des activités des apprenants. Ces dernières peuvent être synthétisées dans un tableau de bord pour un suivi collectif et individuel. Le tableau de bord peut indiquer le temps passé sur un cours, les résultats d’évaluation, le pourcentage d’accomplissement des tâches et le dépôt de devoirs. Il est également possible de suivre des données sur les interventions de l’apprenant dans d’autres espaces comme la contribution à des activités collaboratives (ex. wiki), les interactions asynchrones (ex. forums, courriel, documents partagés) et les interactions synchrones (ex. chat, vidéoconférence).

L’ensemble de ces informations sont utilisées par le tuteur afin de poursuivre son accompagnement et d’individualiser ses interventions. Il recourra à des outils de communication et de planification, par exemple pour planifier un rendez-vous, répondre à une demande de rendez-vous, poster des annonces (si l’information concerne l’ensemble des apprenants), programmer des événements via un agenda, etc.

L'outil du e-tuteur : Utiliser les fonctionnalités proposées par les LMS pour la gestion des utilisateurs et la traçabilité des activités réalisées par l'apprenant

L’exploitation des fonctionnalités d’un LMS permet de gérer certains paramètres liés aux apprenants et de visualiser les traces de leur activité. Le tuteur n’a pas la main sur l’ensemble des fonctionnalités d’un LMS ; tout dépend du rôle qui lui a été assigné dans le dispositif.

Le tuteur utilise toutefois certaines fonctionnalités des outils proposés par le LMS pour la gestion des utilisateurs et la traçabilité des activités réalisées par l’apprenant :

  • Les outils de communication et leurs fonctionnalités
  • Le journal de bord
  • Le partage de l’accès à certains documents individuels ou d’un groupe
  • L’utilisation d’un outil de sondage
  • La création et la gestion de groupes
  • Le calendrier en ligne
  • L’espace de suivi partagé entre les tuteurs et le coordinateur de la formation

La plupart des LMS fournissent des informations sur l’activité de l’apprenant sur la plateforme. Ces données sont reprises sous forme de « tableaux de bord » relatifs à différentes activités. Il peut s’agir de statistiques ou de résultats liés à l’activité de l’apprenant. Par exemple :

  • Activité utilisateur dans les forums et les groupes
  • Aperçu de l’activité de l’étudiant pour un cours spécifique et de l’activité du cours
  • Performances du cours

Nell & Associés, agence de formation digitale certifiée Qualiopi, propose des formations qui pourraient vous intéresser:

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