Les biais cognitifs en apprentissage

Un biais cognitif est un mécanisme du cerveau qui joue sur notre perception de la réalité. Nous sommes tous quotidiennement sous l’influence de ces biais, la plupart du temps inconscients, qui nous conduisent à des erreurs de jugement ou de perception dans l’interprétation et la gestion des informations. Le domaine de l’apprentissage n’échappe pas à ces insidieuses distorsions… Quel est donc l’impact des biais cognitifs sur les formations ? Peuvent-ils nuire à l’assimilation de nouvelles connaissances ? Peut-on les contourner, voire les utiliser à bon escient ?
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Biais cognitifs : possibles obstacles à l’apprentissage

Pendant une formation, les biais cognitifs peuvent avoir un impact sur l’attention des apprenants, leur implication, leur confiance en eux, mais aussi sur la manière dont le formateur les épaule et les évalue.

Du côté des apprenants, les biais tendent à entraver le bon déroulement des apprentissages. Le besoin d’agir vite combiné au biais du risque zéro oriente l’individu (qui optera par défaut pour les options les plus abordables en apparence) vers la simplicité, mais le conduit également à interpréter à sa façon le contenu de la formation et à réorganiser le message pour y donner du sens. L’effet Dunning-Kruger – cette façon que nous avons de surestimer nos connaissances et compétences – entre aussi souvent en ligne de compte dans notre difficulté à réajuster et enrichir nos savoirs : après le pic de confiance, les apprenants risquent de traverser une phase de perte d’assurance et de démotivation face à la formation qu’ils avaient préalablement considérée comme étant plus accessible.

Les formateurs, de leur côté, peuvent par exemple être impactés sur la façon dont ils perçoivent les apprenants, qui en supportent parfois le coût. Ainsi, lorsque le biais de halo (façon qu’a le cerveau de s’arrêter sur une première impression) et le biais de confirmation d’hypothèse (tendance à donner du crédit aux éléments qui vont dans le sens de nos croyances) se combinent chez le formateur, un des participants à son cours peut être « pris en grippe » et perdre confiance en ses capacités, ce qui nuira au bon déroulement de son cursus. C’est le cas par exemple si ce participant, lors de ses premières heures de formation, est considéré de façon négative (première impression). Un cercle vicieux débute : il ressent de l’injustice face à la mauvaise relation qui s’instaure avec le formateur et fournit de moins en moins d’efforts dans son travail (non pas par caprice mais de manière parfaitement inconsciente). Le formateur, alors, se sentira confirmé dans ses croyances initiales.

Mettre certains biais au service de l’apprentissage

Une meilleure connaissance des biais cognitifs peut permettre au formateur de les identifier plus rapidement et de les dépasser. Il est alors mieux armé pour aider les éléments du groupe à prendre eux-mêmes conscience des biais auxquels ils sont sujets, et ainsi de contribuer au développement de leur esprit critique. Par ailleurs, le formateur peut s’appuyer sur certains biais pour faciliter l’apprentissage.

En faisant preuve d’humour, notamment, il provoque une réaction émotionnelle chez son auditoire qui favorise la mémorisation (on parle d’effet d’humour). Aussi, mobiliser les participants en les amenant à contribuer concrètement à un projet ou atelier (par exemple par le biais d’un workshop) les rend acteurs de la formation et permet de mieux ancrer en eux leurs nouvelles connaissances. Cette tendance à accorder une plus grande valeur au produit de notre création s’appelle l’effet Ikea.

Dernier exemple : l’utilisation du biais de désirabilité sociale qui se caractérise par la volonté de se présenter sous son meilleur jour pour plaire aux autres membres d’un groupe (et ici, en plus, au formateur). En formation, ce biais peut avoir pour conséquence de déclencher une dynamique vertueuse à laquelle même les récalcitrants adhéreront de peur de ne pas être conformes au reste du groupe (biais de conformisme).

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