Le numérique et les visiteurs de musée : entre exclusion et inclusion numérique

La médiation numérique a fait entrer au musée des gestes et des usages qui sont désormais familiers pour la grande majorité des visiteurs : manipuler une souris, zoomer sur un écran tactile en faisant glisser deux doigts, naviguer sur une interface, etc… Pourtant, il ne faut pas oublier qu’une partie de la population n’est pas du tout à l’aise avec les outils technologiques. Comment le musée parvient-il à rassembler tous les profils autour du numérique ?
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L’e-exclusion en France ou exclusion numérique

En France, plus de 10 millions de personnes sont considérées comme exclues du numérique. On parle d’ « e-exclusion » ou « illectronisme ». Naviguer sur internet, effectuer des démarches en ligne, utiliser des dispositifs technologiques, consulter une interface numérique… Ce qui est devenu de l’ordre du réflexe pour la plupart est une gageure pour eux. Les personnes âgées sont les plus touchées par ce phénomène. N’utilisant quasiment pas de technologies numériques au quotidien, elles se trouvent désemparées lorsqu’elles s’y trouvent confrontées. Parmi les jeunes générations, certains se disent peu à l’aise avec le numérique lorsqu’il ne s’agit pas d’un smartphone ou d’un jeu vidéo. Enfin, le niveau d’étude et/ou de qualification professionnelle est également un facteur d’exclusion numérique. Pour tous ces profils, l’utilisation d’internet et des outils numériques est aussi un véritable enjeu d’inclusion sociale.

Médiation et inclusion numérique

Dans un musée, ces visiteurs peu à l’aise avec le numérique ne seront pas séduits par une tablette mobile, ou par l’idée de pianoter sur un écran tactile. Les arguments d’innovation, de technologie de pointe, de réalité virtuelle, etc. n’auront pas d’impact sur leur décision de se rendre au musée ! C’est pourquoi il est très important de leur proposer des services adaptés in situ. La médiation humaine est la meilleure des options. Cela nécessite de former les personnels du musée à accompagner ces visiteurs timides, à leur expliquer le fonctionnement des outils et à prendre le temps de répondre à toutes leurs questions.

Une médiation avec les outils d'inclusion numérique adaptée

Outre la médiation humaine, les outils de consultation numérique ont évidemment un rôle crucial dans l’inclusion des visiteurs non familiers. Le travail sur l’interface est au cœur de cette réflexion, notamment sur une surface tactile. Celle-ci doit garantir une facilité d’utilisation et de compréhension accessible à tous. Les consignes doivent être très claires : « Appuyez sur le bouton Commencer » ; « Touchez l’icône Plan du château en haut à gauche » ; « Faites glisser le curseur le long de la frise chronologique ». Afin de rendre ces instructions encore plus limpides, l’interface peut mettre l’accent sur les zones à actionner, avec des effets de luminosité ou des flèches animées. Le travail réalisé en amont sur l’User Experience (UX) doit garantir un usage facile et intuitif pour tous les profils. 

Une initiation aux usages du numérique

Les dispositifs numériques installés au musée dans le cadre de la médiation ne prétendent évidemment pas recouvrir tous les usages liés au numérique et au web. Mais ils ont pour particularité d’être proposés spontanément au visiteur. Pour le prix du billet d’entrée, celui-ci peut avoir l’opportunité de manipuler une tablette, un casque de réalité virtuelle, des bornes multitouch, des écrans interactifs, etc. Par ailleurs, les visiteurs issus de milieux modestes peuvent y faire l’expérience de technologies encore peu accessibles financièrement, comme les casques immersifs ou les applications de réalité augmentée. A la découverte du musée et de ses collections s’ajoute donc l’apprentissage de nouvelles compétences. 

Inclusion numérique et inclusion sociale

Autour des usages du numérique, le musée a aussi un rôle d’inclusion et de mixité sociale. En effet la plupart des dispositifs de médiation numérique sont conçus autour de l’échange de connaissances, de l’entraide ou encore de la compétition entre joueurs. Par exemple on peut imaginer une activité sur table multitouch, qui ne se lance que lorsqu’au moins trois joueurs se sont manifestés autour du dispositif. Lorsqu’on est seul ou à deux, l’activation du jeu nécessite donc de faire appel à des inconnus. Ces rencontres imprévues permettent d’enrichir l’expérience de visite avec une expérience d’interaction humaine, autour d’un moment de partage et d’échange.

Le musée et l’inclusion numérique

Il est indéniable que les musées et autres établissements culturels ont un rôle à jouer dans l’inclusion numérique de tous les profils de visiteurs. Les outils de médiation numérique sont au cœur de ce processus qui vise à rendre ces technologies accessibles à tous. L’accompagnement humain, le travail sur les interfaces et les échanges entre visiteurs permettent de délivrer une initiation à ces usages. Les muséographies orientées vers le numérique sont donc des lieux privilégiés de la rencontre homme-machine et de l’expérimentation individuelle.

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